Richard Schneider

1820 - 1872


Naissance en Saxe


Richard Schneider est né le 18 février 1820 à Frauenbreitungen, dans le duché de Saxe-Meiningen sous le règne du duc Bernard II et a passé la majeure partie de sa vie dans ce duché dans les villes de Hildburghausen et de Meiningen.

Au 19ème siècle siècle, toute la région était constituée d'une mozaïque de duchés (Herzogtum) et de principautés (Fürstentum) indépendants, qui ne cessaient d'évoluer au gré des héritages, des mariages et des traités. Et il faudra attendre le 20ème siècle, en 1918, pour que ces mini-états soient finalement intégrés dans le land moderne de Turinge de la nouvelle Allemagne.

Allemagne moderne
En jaune: Saxe-meiningen
Etats de Thüringen
19ème siècle
Registre des naissances
Frauenbreitungen
Transcription du Kurrenschrift
("Sutterlin")

Richard est enfant unique de Louise Heim et Johann Friedrich Schneider mais a en fait 4 (demi-) frères et soeurs issus de mariages précédents de ses parents. Il grandit à Frauenbreitungen entouré de ses parents, sa mère née Heim provenant d'une grande famille de pasteurs, médecins et scientifiques et son père étant un haut fonctionnaire de l'administration ducale. Il fait son lycée/collège au Bernhardinum Gymnasium de Meiningen avant de poursuivre ses études à Hildburghausen.


Vie à Hildburghausen et Meiningen


Au séminaire de Hildburghausen, il suit une formation de théologie luthérienne et en 1846, il est ordonné pasteur par les autorités religieuses selon le diplôme en latin ci-dessous, où il est mentionné comme "reverendus et clarissimus Richardus Schneider". Son diplôme est certifié par "Carolus Ludovicus Nonne", c.a.d. Carl Ludwig Nonne, grand pédagogue connu et reconnu dans toute la région, une forme d'équivalent saxon de Pestalozzi dont par ailleurs, il avait été l'élève en Suisse avant de diffuser ses idées en Saxe.

Diplôme de Pasteur Diplôme signé par
Carl Ludwig Nonne
Carl Ludwig Nonne

A Hilburghausen, il devient enseignant au Gymnasium d'état et il est aussi vicaire de la paroisse dont le pasteur et prédicateur principal est Carl-Ludwig Nonne. De cette façon, il rencontre la fille du pasteur, Mathilde Nonne, et le couple se marie en 1852. A Hildburghausen naissent leurs premiers enfants Minna (1853) et Edwin Richard (1857), puis la famille déménage en 1858 à Meiningen à la rue Schlossgasse 69 (anc. 260) où naissent Marie (1858), Frieda (1860) et Hans (1866).
A Meiningen, Richard est professeur au Gymnasium Bernhardinum.
En 1868, sa fille aînée Minna décède à l'âge de 14 ans de "Wassersucht" (hydropisie).

1852 Mariage de Richard et Mathilde
(Hildburghausen Registre K 3/1-16)
1853 Naissance de Minna
(Hildburghausen Registre K3/1-12)
1857 Naissance d'Edwin
(Hildburghausen Registre K3/1-13)

1858 Déménagement à Meiningen
à la Schlossgasse (en rouge)
1858 Naissance de Marie
(Meiningen Registre K4/1-15)
1860 Naissance de Frieda
(Meiningen Registre K4/1-15)
1866 Naissance de Hans
(Meiningen Registre K4/1-16)



Le Rettungshaus : l'oeuvre d'une vie


Richard Schneider était un pédagogue engagé selon le penseur et écrivain protestant John Daniel Falk (Weimar) à l'origine du mouvement social des Rettungshaus ("maison de sauvetage").
L'objectif était de recueillir les enfants sans-abri et les orphelins (nombreux à cause des guerres) dans des instituts basés sur le respect et la non-violence envers les pensionnaires, ce qui n'était pas courant pour l'époque, ainsi que de leur offrir une formation professionnelle leur permettant d'atteindre l'indépendance.
Richard Schneider s'est largement inspiré des travaux de Falk pour lancer dès la fin de ses études un projet de Rettungshaus et trouver des soutiens matériels et financiers.
Finalement, ces efforts aboutissent en 1860 à l'achat d'une ancienne pêcherie à Rhönblick/Hermannsfeld (14 km au sud-ouest de Meiningen) : ce sera la Rettungshaus zum Fischhaus qui accueille une cinquantaine de garçons à ses débuts et dont il sera le principal éducateur et administrateur.
Quelques années plus tard, un bâtiment supplémentaire, le "Mathildenstift", permet également d'accueillir des filles.

Le Rettungshaus zum Fischhaus - photos prises vers 1868-1869

Les photos ci-dessus sont extraites d'un livret publié en 1910 pour les 50 ans du Rettungshaus et envoyé par la princesse Marie de Saxe-Meiningen à Edwin Richard Schneider. L'original du livret est conservé par Pierre-Olivier Maître



Richard, l'écrivain pédagogue


En 1888 sont publiées les "Chroniques de la ville de Hildburgshausen", un pavé de près de 800 pages et couvrant les années 1850-1880 de la ville
Son auteur, Amin Human, connaissait Richard et en a dressé le portrait suivant dans son ouvrage :

"Homme de grande culture, il était non seulement versé dans les disciplines théologiques, l'histoire, la géographie et les langues modernes, et portait un jugement éclairé sur les œuvres littéraires allemandes, mais il a aussi, comme je m'en souviens depuis la fin des années soixante [ndlr 1860] passé de nombreuses heures du soir dans sa salle d'étude, il a fait preuve, dans sa profession et dans sa vie, d'une rare profondeur d'âme, d'un humour riche et d'une grande gaieté"

Fort de cette culture, Richard se consacre à la rédaction de plusieurs ouvrages destinés à l'enseignement supérieur, dont deux sont publiés sur le thème des mythologies grecques et romaines et leurs relations avec le christianisme :

Christliche Klinge...
Ed. Gotha, 1865, 452 pages
Sagen der alten Griechen
Ed. Salzungen, 1866, 176 pages


Le grand départ en Suisse


Cette vie familiale et professionnelle bien remplie est bouleversée par un évènement imprévu et extrêmement surprenant : en automne 1869, toute la famille Schneider-Nonne (Richard, Mathilde, Edwin Richard (12 ans), Marie (11 ans), Frieda (9 ans) et Hans (3 ans)) quitte soudainement la ville de Meiningen pour s'établir dans le minuscule hameau de Tavel au dessus de Clarens vers Montreux en Suisse.
Les raisons de ce départ précipité sont restées longtemps un mystère

Hameau de Tavel
près de Clarens

Parmi les descendants suisses Schneider, plusieurs hypothèses ont longtemps fleuri pour tenter expliquer cette émigration au 19ème siècle mais sans véritable certitude.
Mais de récentes recherches dans les archives suisses et allemandes ont permis de retrouver progressivement les éléments conclusifs décrits ci-dessous :

Premier problème de santé


En 1857, lors d'un voyage en Italie, Richard tomba gravement malade (les détails de sa maladie ne sont pas connus) et il écrivit ces lignes :

Auf einer Reise in Venedig vom Fieber überfallen und dem Tode nahe gebracht, gelobte ich meinem Gott: Wenn Du zurückkehrst in den Kreis der Deinen, dann soll und muß die Sache zur That werden
"Lors d'un voyage à Venise, assailli par la fièvre et proche de la mort, j'ai fait ce vœu à mon Dieu : si tu reviens dans le cercle des tiens, alors la chose doit et devra devenir une réalité"

Revenu (temporairement) guéri d'Italie, il put trois ans plus tard réaliser son voeu le plus cher: l'ouverture du Rettungshaus

Arrêt de travail


En 1869, le Gymnase de Meiningen où il enseigne le déclare officiellement en arrêt de travail à cause d'une "leidende Gesundheit" (santé défaillante)

Chroniques de Hildburghausen


Le chroniqueur Amin Human, auteur des "Kronik der Stadt Hildburghausen" décrit en page 197-198 de son ouvrage le Rettungshaus zum Fischhaus et termine sa description par ces lignes révélatrices :

R. Schneider est décédé d'une attaque cérébrale le 21 septembre 1872 à Montreux,
où il s'était rendu en automne 1869 pour renforcer sa santé, fragilisée notamment par des problèmes respiratoires

Kronik der Stadt Hildburghausen p.198

Ci-dessus, Amin Human utilise le terme "Halsleiden", terme flou indiquant plutôt des douleurs respiratoires, probablement un euphémisme de la tuberculose, maladie qui frappait cruellement l'Europe au 19ème siècle

Dr Roche à Montreux


A Montreux, Richard Schneider était suivi par le Dr Roche, germanophone et dont une partie importante des patients était d'origine allemande. Et ces derniers avaient souvent choisi leur lieu de traitement dans le Handbuch der Balneotherapie, sorte d'énorme catalogue publié régulièrement en Allemagne et donnant la liste de tous les lieux de cure en Europe, classés par pathologie. Cela permettait de choisir facilement le lieu de cure adapté à sa maladie.
Et le Dr Roche était classé dans ce manuel sous la catégorie "Tuberculosis der Lungen" (tuberculose des poumons)

Arrêt de travail
pour santé défaillante
Gymnase médical du Dr Roche HandBuch der balneotherapie


En conclusion:
La raison qui pousse Richard Schneider et famille à quitter l'Allemagne pour la Suisse est une maladie grave, très certainement la tuberculose
Et l'origine de la branche suisse des Schneider remonte donc à leur arrivée à Tavel en automne 1869


Trois ans après son arrivée, Richard décède à Tavel le 21 septembre 1872 à l'âge de 52 ans, entouré des siens

Feuille d'Avis de Montreux
19 octobre 1872
Acte de décès
Etat-civil




Généalogie Schneider